Réveil nocturne, 2h il fait jour
Il est 2h du matin, le bruit de l’ouverture d’un sachet de muffin chez mon voisin de tente, en l’occurrence Pierrot, m’amène à ouvrir les yeux. Intéressant, est ce mon ouie, mon estomac ou l’envie d’assouvir un besoin naturel qui me pousse à sortir de mon duvet, puis de ma tente?
Pierrot m’invite à aller voir le bras de fjord près duquel nous bivouaquons, des bancs de poissons se manifestent en surface.
L’obsession de la pêche et la recherche du poisson sont fascinantes chez lui.
Cela vaut d’ailleurs l’émerveillement de Billy et Vip avec qui nous partageons d’intenses journées depuis maintenant quelque temps.
Billy qui nous a rattrapé un matin sur la route lors d’une halte et Vip vu une première fois à l’attente d’un ferry recolle au peloton le lendemain lors de notre pause déjeuner avec Billy.
Emerveillement et curiosité, chacun partage ses expériences de voyage, ses trucs et astuces, nous apprenons à nous connaître en toute authenticité, sans calcul, sans enjeux, nous nous enrichissons mutuellement au sein d’une petite communauté cosmopolite, enjouée et unie vers un même objectif, le Cap Nord.
Depuis notre présence en Norvège, je n’ai pas eu l’occasion de me lever en pleine nuit et d’observer ce qui se passe à cette heure tardive de la journée, je ne parle plus de nuit, il fait totalement jour.
Surprenant, le soleil n’est pas visible, caché par les nuages, derrière une montagne, c’est l’objet de notre interrogation, nous deux petits français, debouts au milieu de la nuit au bord d’un Fjord après un peu plus d’un mois de déplacement à vélo, autant de montages et démontages de tente, 2900 km pour 175h de vélo, je ne compte pas les heures à ranger et déranger les sacoches pour y trouver tantôt une paire de chaussette, un tee shirt, le pain, du sel, la fourchette, le gaz……. bref un des éléments de notre maison de cyclo-campeur.
Le temps d’observer
Debout au bord du fjord, nous observons les bancs de poissons qui agitent la surface de l’eau. En même temps nous cherchons toujours le soleil, où est il ? Partant du principe qu’il se lève à l’est, nous savons où se situe le nord, en complément il est 2 heures du matin, le soleil doit donc être par là !
Il fait comme en plein jour.
Laisser faire
Plus tôt dans la journée, au détour d’une nos attentes de ferry, suivant les lieux nous pouvons attendre 30 minutes à plus d’une heure voire deux, Pierrot nous propose un spectacle grandeur nature, le mode cyclo campeur pêcheur.
Au début de notre étape notre petit peloton s’appuyant les uns sur les autres prend la mauvaise direction à la sortie du camping, chacun pensant que l’autre avait regardé 🙂
Cela nous vaudra dès 9h de louper le premier ferry et ainsi de de nous décaler totalement.
Et finalement c’est tant mieux, il n’y a pas de hasard, c’est ce qui nous vaudra ce magnifique souvenir et ce bon repas que nous partagerons ensemble le soir.
Chasseur cueilleur ou plutôt pêcheur cueilleur
Qui dit temps d’attente dit pour chacun ses petites occupations, de mon côté étendre le linge de la machine d’hier soir qui n’est pas encore sec, pour Vit une séance photos et observation du pêcheur, pour Billy déambulations diverses. Pour Pierrot c’est tout autre chose, il s’agit de ramener le poisson pour le repas de ce soir, convaincu, il y met toute son énergie, ce soir ce sera du gros !
L’attente du premier ferry ne vaudra qu’une dizaine de petits modèles remis à l’eau. La deuxième session un peu plus longue, nous sommes arrivés à 12h30 pour un départ à 14h15 permet à notre pêcheur officiel, pendant que nous cassons la croûte, de mettre en route pour assurer nos besoins primaires.
Tout un spectacle sur le quai d’embarquement où les passagers des campings cars, voitures ou motos se demandent ce que fait ce gars en tenue de cycliste, son casque sur la tête, une canne à la main face à la mer !
Simplement il pêche. A la première alerte, l’entourage s’agite. Il en tient un gros en bout de ligne et m’appelle pour aller le chercher, la taille et le poids de la bête risqueraient de casser le fil déjà bien tendu de sa canne à pêche.
Toute affaire cessante, je me dirige rapidement en claquettes au bord de l’eau après avoir enjambé les rochers pour me saisir de cette impressionnante proie, environ 60 cm et quelques kg.
C’est un cabillaud !
Séance photos afin d’immortaliser le moment et vient le temps, le moins agréable mais tout autant nécessaire, pour assurer nos besoins primaires d’être humain placé dans la chaîne alimentaire à une place plus envieuse que d’autres, de la mise à mort. Pierrot saisit son couteau et achève l’animal. Les spectateurs comprennent alors que le cabillaud, pour le manger, il ne faut pas simplement ouvrir son congélateur et le mettre dans la poêle.
Une deuxième belle prise viendra pour Pierrot et de mon côté voyant que la journée était bonne, j’emprunte la canne magique et sort 2 autres poissons dont un de trop petite taille qui rejoindra la mer.
Découpage des filets en direct, mise en sac, une partie du repas de ce soir est assurée.
Un repas partagé
Ferry, vélo, courses, recherche de bivouac, le reste de la journée poursuit son bonhomme de chemin.
Nous sortons de la ville pour trouver un bivouac. Il faut composer avec les attentes de chacun et prendre en compte les contraintes de notre petit peloton, emplacement pour 4 tentes, terrain plat, hors de la ville, pouvoir pêcher, Billy vient de s’acheter une canne à pêche, dans un cadre sympa.
Nous trouvons au bout de quelques km et mettons en route, montage des tentes, préparation du repas en soutien à notre cuisinier en chef Pierrot, changement de tenue, toilette du chat….
Au menu ce soir, cuisine pour tous, filet de cabillaud, riz avec sauce beurre et échalotes. 6 filets au total, nous viendrons à bout de 4, les 2 autres seront pour demain midi.
Un moment hors du temps, retour à des choses simples, le ventre plein, heureux de cette nouvelle journée, chacun rejoint sa propriété, une simple tente posée sur un petit emplacement dont on ne sait pas à qui il appartient, ce soir ce sera notre petit chez nous, simples loca terre……
Les cheveux de Polnareff, la tenue de Richard Virenque, un poisson entre les mains à la manière de Georges Pernoud. La photo de Pierrot est improbable et extraordinaire!
Tu as tout dit, imagine un peu le regard médusé des voyageurs attendant le ferry
J’ai ajouté une photo de ma pêche, un style différent, j’ai apporté une touche au niveau des chaussures !
La bise à la famille
Sam